Entre convictions et business : comment trouver ton équilibre sans culpabilité ?
Ahhhhh Mars… Les jonquilles, les giboulées, le retour du soleil, et des marques opportunistes soudainement féministes.
Des logos qui deviennent roses (car le rose c'est pour les filles hihi), des centaines de posts Instagram avec des citations inspirantes éclatées qui "célèbrent la beauté de chaque femme" OU PIRE : qui te sortent promos spéciales (-20% sur tes produits avec le code #GIRLPOWER) 🤮
Mais c'est évidemment et avant tout une journée de LUTTE. Journée internationale des droits des femmes. C'est littéralement dans le titre les gars, hein. (Btw, c'est aussi mon anniversaire. Zéro vanne)
Donc, forcément, m'agace profondément. Pourtant, moi aussi je parle du 8 mars dans ma newsletter business. Est-ce que je fais partie du problème ? Peut-être. Est-ce que je peux faire mieux ? Certainement.
El famoso "pas assez ci, trop comme ça" (également nommé "le cul entre deux chaises")
"Je suis pas assez engagée" (culpabilité quand tu vois d'autres personnes qui font plus) VS. "Je suis pas un peu lourdingue sur mes convictions ?!" (peur de faire fuir des client·es potentiel·les)
Un paradoxe bien trop présent quand t'essaies de construire un business aligné avec tes valeurs, avec son lot de situations absurdes :
Tu défends l'économie locale... mais tes cartes de visite ne sont pas en papier recyclé, parce que t'en avais pour 100 balles de plus, et que, clairement, quand tu démarres, t'es à l'euro près.
Tu prônes l'accessibilité de ton métier... mais tu as calculé la rentabilité de tes offres pour que l'état se gave dessus, et avec l'arrivée de la TVA, tu dois augmenter tes tarifs pour survivre.
Tu vantes la slow-life... mais comme tout le monde, t'es obligée de te plier aux exigences des algorithmes pour rester visible.
Pour te donner un exemple perso : je milite pour un design éthique et accessible, mais j'utilise des outils créés par des multinationales parfois douteuses. (entre autres)
La vérité, c'est que personne n'est parfait·e. Pas même les plus engagé·es d'entre nous. Cette quête de "pureté militante" est souvent contreproductive et, franchement, elle m'épuise.
Choisir ses combats : trouver ton équilibre entre convictions et business
Crois-en mon expérience, les business qui incarnent le mieux leurs convictions sont ceux qui ont compris qu'il ne s'agit pas d'être parfaits, mais d'être authentiques dans leur démarche, transparents sur leurs contradictions, et surtout, en constante évolution* !
Anecdote crousti : la plupart de mes clientes ne se définissent MÊME PAS comme "engagées" ou "militantes". Au pire, elles ont un peu peur de ces termes clivants, et au mieux, ça les fait lever les yeux au ciel.
Pourtant, quand on bosse et creuse leur stratégie et leur image de marque, guess what ?! Leurs valeurs sont PARTOUT. Y'a juste pas marqué "COUCOU JE SUIS ENGAGÉE" sur leurs fronts.
L'engagement n'est pas une stratégie marketing, c'est une boussole !
Confession nocturne : avant, je ne parlais pas ouvertement de féminisme. J'avais peur de "faire fuir". Puis j'ai réalisé que les gens qui paniqueraient en voyant le mot "féminisme" étaient exactement ceux que je ne voulais ABSOLUMENT PAS bosser. Mes valeurs féminisme antiraciste bobo écolo vegan = mon meilleur filtre à connards.
Car quand quelqu'un essaye de t'entuber, ça se sent souvent À DES KILOMÈTRES. (Cf. les magazines féminins qui prônent le body positive en couv' et qui s'épanchent sur des recettes minceurs en page 2.)
À l'inverse, quand t'es vraiment aligné·e avec tes convictions, ça glisse tout seul :
Dans les mots que tu choisis
Dans les projets que tu acceptes
Dans la façon dont tu traites tes client·es
La cohérence = ta meilleure pub = ta bff contre le syndrôme de l'imposteur·e
C'est quand toutes les facettes de ton biz racontent la même histoire, sans que tu aies besoin de le rabâcher 50 fois. C'est faire en sorte que tes valeurs se retrouvent naturellement dans :
Ton image de marque (pas juste un logo vert pour faire écolo)
Ta tarification (accessible ≠ pas cher)
Ton processus de travail (respect de ton éthique)
Ta communication (être honnête, même quand c'est inconfortable)
C'est utiliser tes convictions comme un filtre qui rend ton business plus fort, plus cohérent, et finalement, plus rentable.
Parce que bien-sûr que oui, il faut sachez que tu as le droit de vouloir gagner un max de thunasses, tout en ayant des convictions fortes.
On est plus à une contradiction près ;)
Bref, I'm a girl's girl
Traduction : je crois profondément que derrière chaque femme qui réussit, il y a toute une communauté qui la soutient, qui l'encourage, la conseille, et célèbre ses victoires comme si c'était la sienne.
La vieille phrase toute pourrie, là "derrière chaque grand homme se cache une femme" : Ewww, non merci, très peu pour moi.
Je préfère largement l'idée que derrière chaque femme qui brise le plafond de verre, il y a 10, 20, 100 autres qui l'ont aidée à tenir le marteau (et la faucille) ;)
Au fond, le "vrai militantisme" est-ce que ça ne serait pas construire activement et collectivement l'alternative qu'on veut voir pas plutôt que de pointer du doigt ce qui ne va pas chez la voisine ?
Dans ta vie pro, dans ton bizbiz, c'est pareil : demande-toi :
Est-ce que je contribue à créer le monde dans lequel je veux vivre ?
Est-ce que j'incarne les valeurs que je défends, ou est-ce que je me contente de les proclamer ?
La réponse à ces questions sera ta meilleure stratégie de marque. Et si tu ne sais pas par où commencer, je peux t'aider ;)
Disclaimer qui fout les pieds dans le plat :
Par évolution, j'entends remise en question, déconstruction = pas d'un "féminisme modéré", qui ne dérange personne.
Ce féminisme bien propre sur lui qui dit "Oui à l'égalité, mais tranquille, faut pas exagérer non plus". Ce féminisme confortable sans remise en question, sans secouer ses petits privilèges.
Soyons claires : ce "féminisme light" est un luxe que beaucoup ne peuvent pas se permettre.
Si une revendication féministe te semble "trop extrême", pose-toi cette question : pour qui, pourquoi c'est inconfortable ?
Pour toi, avec tes privilèges, ou pour une autre personne sans tes privilèges, qui subit quotidiennement les violences du co-branding de l'enfer Patriarcat x Capitalisme ?
Petit rappel historique : les suffragettes posaient des bombes et entamaient des grèves de la faim, hein. Elles n'envoyaient pas des newsletters bien polies comme la mienne en demandant gentiment le droit de vote. Donc, non, c'était pas mieux avant Jean-Mi, et tu devrais t'estimer chanceux qu'on veuille l'équité et pas se venger ;)
Si tes actions féministes ne te coûtent jamais rien – ni confort, ni privilèges, ni confrontations inconfortables – c'est peut-être qu'elles ne changent pas grand-chose au système.
Si ton engagement féministe est juste une posture marketing bien utile deux fois l'an... alors tu fais peut-être partie du problème. (mais je sais que pour celles qui me lisent ça n'est pas le cas 🫶)
Bon, bref, t'as capté le délire : c'est pas une invitation à te flageller, mais à te questionner honnêtement. Parfois, être vraiment en phase avec ses valeurs, ça veut dire accepter d'être inconfortable. De prendre des risques. De perdre des followers et des contrats.
Et c'est OK si tu n'es pas prête à prendre certaines positions. Personne ne te demande de te sacrifier ton business et sa rentabilité sur l'autel de l'engagement.